« Allo, non mais allo quoi ? T’es CarrieB et tu publies plus
rien ? C’est comme si t’es une bimbo , t’a pas de faux seins! » Labinna, future star éphémère de télé-irréalité.
C’est que j’en avais presque
oublié cet endroit, qui m’a pourtant tant apporté (quelle ingratitude !),
clairière dissimulée au milieu d’un bois en friche, lieu sacré symbolique d’une
partie de ma vie, ruines d’un temple dédié à mes folles aventures.
Alors que je m’en approche de
nouveau, presque religieusement, c’est un peu comme si je mettais les pieds
dans le jardin d’une maison de vacances quittée depuis longtemps, et qu’on
regrette de ne pas avoir entretenu plus régulièrement, ne serait-ce que pour arracher
les mauvaises herbes.
Alors que de l’eau a passé sous
les ponts, que le rythme des saisons a suivi son cours, que les ronces ont
envahi le sol, je redécouvre certains articles à la lumière des années en
soulevant quelques branches, je m’amuse d’antiques commentaires enfouis loin sous
le lierre.
Je souris, je fais la grimace en
me demandant pourquoi j’ai bien pu écrire ceci ou cela, je critique, je m’interroge.
Quelqu’un vient-il encore flâner par ici de temps en temps ? Un joggeur de
passage, un lecteur hasardeux, un mot clé perdu, un squatteur
opportuniste, une recherche erronée?
C’est qu’il y a de l’émotion, du
quelconque, des souvenirs, du risque, des coups de gueule, de l’amour, des
articles stupides, des coups de cœur, de la fiction, du suspense, de la
sensualité, un peu de poésie et d’humour, bref, surtout beaucoup de moi ici.
Alors une pointe de nostalgie
m’envahit et je me retrousse les manches en me disant qu’il faut faire quelque
chose, vraiment.
Débarrasser les débris (enlever
les vieilles photos aux liens brisés), faire un peu de ménage (les commentaires
chinois ont proliféré en mon absence), arracher la tapisserie (bye bye les
pois, so 2006!), et refaire la déco (peinture blanche et stickers coquelicots,
Damidot sort de ce corps !).
C’est que j’ai 36 ans maintenant,
que la technologie s’est affinée depuis, que je l’ai explorée aussi, que l’approche
est différente. Les années et l’arrivée de nouveaux médias sociaux ont érodé l’enthousiasme
des premiers blogs et de cette impression de détenir un trésor pas encore
accessible à tous. Les blogs ont été délaissés par les gens au profit d’autres
lieux où l’on parle moins mais plus vite, et souvent de choses moins
intéressantes, mais instantanées.
Alors oui, j’aurais pu tout raser
et en construire un autre, brillant de mille feux de publicité, avec des liens qui
poussent partout, une nouvelle identité, des sujets « bankables »,
des buzz qui rebuzzent, des retouites, et plusun, et jème à volonté.
Oui, j’aurais pu juste refermer définitivement
la grille du jardin et laisser la masure aux mains du temps et au bon gré de l’hébergeur,
qui aurait sans doute fini par m’en enlever la clé.
Mais je ne m’y résous pas, je n’aime
pas m’y résoudre, car ici c’est chez moi, alors me revoilà.
3 commentaires:
Chouette !
Une fois que t'auras ouverts les volets et que le soleil sera entré, la vie reviendra dans cette maison !
ouvert sans S ça serait mieux...
ah ben bravo ! j'inaugure ta nouvelle ancienne maison avec une fôôte ! ;-)
@madame2 : Oui je pense que la vie finira par revenir, car j'y ai déjà trouvé quelques insectes fort intéressés ;-)
Et puis avec une faute d'orthographe de ta part, c'est un joli baptême!
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