17 novembre 2008

Claire Répulsion pour Noir Désir

En face de la question : « Que détestez-vous le plus ? » d’un désormais traditionnel questionnaire en chaîne reçu par mail dernièrement, et auquel (une fois n’est pas coutume) j’avais répondu, j’avais inscrit « l’injustice ».
C’est définitivement ce qui me révolte le plus, et Dieu sait combien il m’en est donné de constater chaque jour, ici et ailleurs, et qu’une vie ne suffirait pas à dénoncer, voire à combattre, malheureusement.
J’ai déjà abordé le thème de la banalisation des violences conjugales et, fidèle à mes convictions, je ne pouvais que prendre part moi aussi à la polémique du moment, signée par le retour à la chanson du groupe Noir Désir avec son leader Bertrand Cantat, et 2 titres en téléchargement gratuit sur le Net depuis quelques jours.
Je vous passe le rappel des faits qui lui ont été reprochés et pour lesquels il a été condamné, auxquels nul n’a dû échapper à l’époque.
Il est bien évident que, même après 5 années d’absence et une demi-peine purgée, le rockeur français allait soulever l’opinion publique en revenant sur le devant de la scène.
Cette annonce entraîne avec elle une vague de malaise et de gène dans les cœurs, bien sûr partagés entre l’aspect purement artistique et la vie personnelle du personnage.
Certains scandent que l’amalgame entre les œuvres d’un artiste et ses actions dans le domaine privé n’a pas lieu d’être, et moi je prétends que si, que les titres d’assassin et de chanteur/moralisateur ne sont pas compatibles, précisément dans ce cas là.
Parce que ce jour de juillet 2003, ce sont toutes les valeurs et les engagements qui faisaient la force de l’écriture de l’homme qui se sont envolées.
Il a détruit une vie, des vies, et trahi son public.
Comment dissocier la voix de celui qui chante de celui qui a tué ?
Comment apprécier l’émotion transmise par les paroles d’un homme pour qui on n’a plus d’estime, et qui ne veulent plus rien dire ?
Comment peut-il prôner des leçons de morale après avoir commis l’irréparable ?
Mais plus que tout, en tant que femme et mère, je pense à la famille et aux amis de Marie Trintignant, qui ne pourront éviter la voix du meurtrier de leur fille en boucle sur les ondes.
Comment la douleur, avec laquelle ils ont du apprendre à vivre au quotidien, ne peut-elle pas être ravivée par l’insolence de cette réapparition ?
Je comparais cela l’autre jour à un chauffard qui aurait écrasé un être cher, sous l’influence de l’alcool ou toute autre drogue, aurait purgé quelques années de prison pour la forme, et passerait désormais plusieurs fois par jour avec le véhicule incriminé devant la maison de la famille éplorée de la victime.
Comment peut-on, comment peut-il, reprendre une vie normale, comme si de rien n’était, après avoir donné la mort ?
Donne-t-on l’opportunité à un employé lambda de revenir impunément à son poste après la prison pour meurtre ?
Son statut de star lui confère une image d’idole, de modèle, et cet exemple n’a pas à être suivi.
Je n’enlève rien aux qualités musicales et artistiques du groupe, ni même à leurs partis-pris politiques, mais la discrétion et le respect auraient été de rigueur, et le silence sans doute un engagement plus fort.
La voix de Marie, elle, s’est éteinte pour toujours…
Si Cantat ne sait faire que s’insurger, qu’il s’engage donc s’il le souhaite concrètement pour aider les plus démunis, mais qu’il fasse profil bas et œuvre dans l’ombre, parce qu’avec la médiatisation qui accompagne ce come-back, contrairement au titre de l’un de ses opus fraîchement sortis, pour lui ce n’est pas « Gagnants-perdants », mais plutôt « Gagnant-gagnant ».

30 commentaires:

Anonyme a dit…

M'est avis que cet article risque d'en faire réagir plus d'un... J'apprécie que tu ais une opinion claire justement. Pour ma part, ce sujet m'interpelle mais j'ai du mal à prendre position. Je suis plutôt d'accord avec tes arguments mettant en avant la famille de Marie. Mais ça n'est pas si simple. Parce qu'il en va de la valeur de la justice, et de celles des sanctions. Même si les familles des victimes n'en seront jamais satisfaites, il me semble qu'une fois la peine accomplie, un criminel peut être réhabilité et donc reprendre une vie "normale". Sinon la sanction n'a plus de valeur et c'est la porte ouverte pour les dérives extrémistes.
Je m'arrête là pour laisser place aux autres commentaires...

Anonyme a dit…

As-tu participé à l'enquête ?
As-tu participé au procès ?

Bonne soirée
Kiss ;)
Oli

LOLO a dit…

Bravo Carrie, je verrai toujours en Cantat un assassin. Il y a deux notions qu'il aurait pu respecter : la discrétion (tu le dis) et, surtout, la décence.
Pour rebondir sur ce qu'a dit Pema avant moi, certes il y a eu une peine purgée suite à une décision de justice, mais cela permet-il pour autant ensuite de blanchir sa conscience comme si rien ne s'était jamais passé, de bafouer la morale, de défier la mémoire de la famille Trintignant ?

Anonyme a dit…

Comme je te l'ai dit en d'autres lieux, je suis très partagé sur cette histoire. Oui la justice a tranché et aucun de nous n'avait les éléments d'enquètes entre les mains. Pour la survie de notre système de justice, faisons confiance au juge. Il a purgé sa peine, et doit pouvoir, comme tout ancien détenu, reprendre sa vie.
Bien évidement la prison n'efface jamais l'acte criminel, pas plus là que sur d'autres affaires, et bien sûr, la famille de la victime ne se satisfera pas de cela, mais c'est bien une des raisons essentielle d'un système judiciaire, juger à la place de la victime ou de ses proches.

Je ne pense pas qu'on puisse se prononcer sur son éventuelle conscience blanchie ou non. Que ressent-il , y pense t-il ? on ne le saura jamais, pour lui comme pour quiconque.
Entendons nous bien, je ne prends la défense de personne, je pense que la justice peut être ressentie comme "injuste" parfois, mais nous ne sommes que des hommes, avec nos imperfections, jusque dans nos systèmes de fonctionnement en société.
Je n'arrive pas à avoir un avis, je n'étais pas un fan immodéré avant, donc j'ai la tête froide par rapport au groupe, non vraiment je m'interroge. Il aurait tué mon enfant, aucun doute, je le flinguerais à son premier concert, mais (heureusement ) ça n'est pas le cas.

Muse a dit…

Je ne suis pas fan et je ne connais pas les vraies opinions de Cantat.
En revanche je partage beaucoup de tes idées.
Je pense que dans le cas d'un meurtre, la peine devrait être exécutée entièrement et surtout donnée à la mesure de l'acte. Mais aussi que la vie de ce Cantat devrait être "soumise" à la volonté de la famille de la victime. On oublie trop souvent les victimes...
Mais vaste débat!

Anonyme a dit…

Ah ! Enfin CarrieB de retour !
Cela dit, il est évident que chacun réagit selon "son vécu", comme disent les gens bien. Moi, je ne sais pas trop quoi penser...
Ce que je trouve insupportable, c'est l'idée que du fric va se faire sur le dos de drames humains ; mais ce n'est (hélas) ni la première, ni la dernière fois...

Les élucubrations d'un vieux rouge a dit…

Je suis assez d'accord avec ton texte.Dernièrement, un député s'est donné la mort après avoir battu et abattu sa compagne,mère de deux enfants, d'une balle dans la tête. Ses collègues de l'Assemblée Nationale observent une minute de silence en sa mémoire, pas pour sa compagne (sans commentaire...)

CarrieB a dit…

@Pema : Pour moi c’est assez clair, dans la mesure où je me place du côté de la famille, et que la valeur de la justice n’a plus de sens à partir du moment où les faits nous touchent personnellement.
Pourquoi prononcer des peines qui ne seront jamais effectuées en entier ? Est-ce que 5 années de prison permettent de « punir » un meurtrier, et de faire en sorte qu’il ne recommence plus ? Sans prôner la justice personnelle ni quelconque dérive extrémiste, j’avoue ne pas adhérer à toutes les décisions de justice de notre pays.

@olico : Je n’ai effectivement ni participé à l’enquête, ni au procès, tout comme je n’ai pas participé à ceux de nombre de meurtriers ou violeurs en tous genres. Mais ceux qui l’ont jugé, et ceux qui jugent en tribunal ont-ils assisté aux crimes ? Cela empêche-t-il de donner son avis ? Dans notre pays aux libertés de plus en plus muselées, émettre son point de vue est encore un luxe que l’on peut se permettre, mais jusqu’à quand ? Alors j’en profite…

@Lolo : La décision de justice, aussi injuste qu’on puisse la trouver, est effectivement une chose, et le retour en fanfare en est une autre. La décence, oui, c’est réellement une atteinte à la décence que de s’exposer ainsi comme si rien ne s’était jamais passé.

@kundun : Même si nous n’avons pas les éléments de l’enquête, je pense pouvoir estimer que s’il a été condamné à Vilnius, c’est que suffisamment de preuves ont été fournies contre lui, et quelles que soient les circonstances de l’incident, volonté ou accident, le résultat est le même, Marie est morte et sa famille ne la reverra plus jamais.
Sans même remettre en cause la décision de justice, c’est sa décision à lui qui est choquante, personne ne l’empêchait de reprendre une vie moins exposée par respect pour les proches.

@Muse : Je suis sans doute trop naïve de ne pas comprendre qu’on puisse purger autant d’années de prison pour un meurtre que pour un vol.
Quant au respect de l’entourage, visiblement la justice a seulement obligé Cantat à ne pas utiliser cette histoire à des fins commerciales. Heureusement que cela lui a été précisé, parce qu’au vu de son manque de délicatesse il aurait bien été capable de se faire de l’argent en écrivant des chansons sur son crime !

@papet : Evidemment, le « coup marketing » est énorme, et j’ai lu que leur site officiel, qui propose le téléchargement de titres, est régulièrement saturé depuis la mise en ligne. Sans commentaire.

@(…) vieux rouge : Il doit y avoir une vieille pensée persistante qui veut que la victime de violences soit toujours plus ou moins à l’origine de ce qui lui arrive, et c’est malheureusement pour cela que beaucoup de victimes de violences en tous genres culpabilisent et préfèrent encore se taire que d’aller s’exposer aux doutes d’interlocuteurs perplexes à l’heure actuelle. L’exemple que tu cites conforte cette idée, il y a une sorte de solidarité malsaine autour du tabou qui me dépasse.

Anonyme a dit…

J'ai pour ma part, beaucoup de mal à me forger une opinion tranchée à ce sujet.

J'ai toujours beaucoup aimé le groupe pour ses positions et le travail de l'artiste (au simple sens musical)... même si je suis loin de me considérer comme une fan.
J'ai été révoltée par la mort de Marie et les conditions dans lesquelles elle est advenue.

Je n'arrive cependant pas à voir Cantat comme un 'monstre', malgré l'horreur des faits.

L'homme a toujours les yeux baissés quand les caméras se braquent sur lui et porte sans aucun doute, la marque d'une honte permanente avec laquelle il est difficile de vivre, il ne me fait pas l'effet de quelqu'un qui court après la publicité ; la maison de disques a exigé qu'il honore jusqu'au bout le contrat que le groupe avait signé, je n'ai pas l'impression qu'il aurait continué sinon...ou du moins, pas de cette façon.

Je pense que ce sont les médias qui mettent en avant le retour du groupe de cette manière et que la maison de disques se sert de ce "parcours de vie" abominable pour faire des ventes...

...mais je me trompe peut-être.

Dans cette histoire qui touche à la fois fortement mes émotions de 'musicienne' et me révolte quant aux violences faites aux femmes, je crois que je n'arriverai jamais à trancher définitivement.

Mais comme il a été dit dans d'autres commentaires, ne peut-on pas considérer qu'une fois sa peine purgée, un homme peut essayer de rattraper (ne serait-ce que partiellement) la faute qu'il a commise ?

Il lui reste quelques années de vie, peut-être, une fois ce battage médiatique un peu atténué, le temps et ses engagements prochains nous aideront-ils à y voir plus clair.

Jerry OX a dit…

Un billet qui a le mérite d'etre clair et précis ...je partage de nombreux points dans ce que tu dis : Bertrand Cantat a commis un acte pitoyable et pour cela il a payé . Pour beaucoup (et surtout pour la famille et les proches de Marie Trintignant ), la peine ne fut pas assez longue ...je pense que sa peine il l'a purgera à vie et que justement son existence est rongée par ce qu'il a commis . Après , ni toi ni moi n'étions présent le jour du drame ...je ne remets point en cause son acte bien évidemment mais je ne rejoins pas celles et ceux qui veulent faire justice eux meme après avoir lu un fait divers relaté dans le journal .

j'ai toujours beaucoup aimé Noir Désir et je crois que l'on peut distinguer l'oeuvre de l'artiste et les zones d'ombre de l'homme ...Bertrand Cantat n'a pas prémédité son geste il me semble (je ne le défends pas j'essaie juste de faire le distingo entre un crime et cet acte effroyable mais quelque peu différent ...meme si au bout tu me diras avec raison : il y a la mort d'un individu !)

Que le groupe continue ..je suis pour et d'ailleurs (on ne le souligne jamais) Cantant n'est pas le seul membre de Noir Désir ! et ses compagnons de scène n'y sont pour rien !

J'ai conscience que mon commentaire est quelque peu confus mais cette histoire m'a beaucoup touché en juillet 2003 : j'aimais beaucoup l'artiste et ses engagements et le voir ainsi commetre un acte aussi pitoyable m'a dérangé et troublé ....mais je ne pourrais pas m'empecher de toujours aimer Noir Désir .

ce n'est que mon avis ..
je te salue Carrie B

Anonyme a dit…

On ne change pas une équipe qui cogne, heu pardon! qui gagne... juste pour dire que non! ce monsieur n'est pas un gentleman, et ne le sera jamais, visiblement...
Trop visiblement.

Anonyme a dit…

Et René Char ? Qui a écrit sur les meurtres qu'il a commis (en temps de guerre, mais ça change quoi pour la famille des victimes) ? Il faut brûler ses bouquins ?
***
C'est un bon débat, c'est une bonne chose de s'interroger. Et de mesurer la complexité humaine. D'un homme qui pouvait paraître vertueux, et qui ne l'est pas. Son discours n'a donc plus de sens ? Son crime aurait donc tué aussi en lui toute sincérité ? Ou n'est-ce que de l'indignation, pour dormir tranquille ce soir ?
Est-ce que nous n'utilisons pas ce drame pour nous, aussi, dans nos petites sphères, nous faire de la publicité, bien marquer de quel côté on est, et que l'on est du bon côté, que l'on est respectable et vertueux, propre sur nous, face à cette amas de boue qu'est l'humanité commune et indigne ?
*
Oui, BC est commun, et indigne. Il est violent. Il se subit. Il tue. Et en même temps, BC a été une voix, une conscience, une exigence même, pour une humanité digne. Et il était sincère. Sommes-nous tellement meilleurs, nous qui ne sommes pas violent, qui faisons semblant de ne pas nous subir, et qui, jusqu'à présent, n'avons pas tué ?
*
Pour répondre à ta question Carrie, je crois profondément, au contraire de toi, que s'il retrouve un jour toute sa capacité de création (ce qui n'est pas vraiment le cas...), la voix de BC sera bien plus lucide, humble et humaine qu'elle ne l'a jamais été.
Et pour la mémoire de Marie, que l'on oubliera pas, non plus, tant qu'il s'exposera, qu'il aille au bout de cette démarche, de son enfer, en toute impudeur, en toute indécence, c'est la meilleure chose qu'il puisse faire.
A nous de savoir entendre.

Minipoucine a dit…

Ce débat est vaste, très vaste, probablement trop à mon goût. Comme beaucoup, je suis partagée sur cette histoire.

D'un côté, il y a le crime qu'il a commis. Selon moi, quelques soient les circonstances ou les raisons qui l'ont poussé à agir de la sorte, même si son acte n'était pas prémédité et nullement calculé, personne n'a le droit de vie ou de mort sur un autre être humain, même si le but de son geste n'était pas d'amener la mort... Je trouve important de ne pas oublier qu'il a tué et je trouve qu'il y a injustice quand je vois qu'il n'a purgé "que" la moitié de sa peine.

De l'autre côté, depuis que je côtoie l'univers carcéral dans ma vie professionnelle, je me rends compte que nous pouvons tous, chaque être humain, déraper un jour, cela peut parfois se passer très vite et ensuite, en plus de la peine carcérale, ce sont les remords et les "si j'avais su, si je pouvais revenir en arrière" qui nous ronge parfois et nous rendent malades jusqu'à la fin de notre vie
Et bien souvent, quand je vois les personnes que j'ai en face de moi, je comprends très bien l'enjeu qu'il peut y avoir dans "la seconde chance". Il a été condamné, il a purgé sa peine, pourquoi ne pourrait-il pas tenter de se réinsérer dans la société, comme tout ancien détenu?

Et quand je regarde les deux côtés, je me dis qu'il a tué, qu'il a purgé sa peine, qu'il a le droit à la réinsertion comme tout ex-détenu mais que la moindre des choses serait qu'il fasse cela, en toute discrétion, comme tu le soulignes si bien. Or, il est loin... Malheureusement...

Anonyme a dit…

J'aime beaucoup ce que dit Minipoucine, a priori touchée par le milieu dans lequel elle évolue. Et je crois que c'est capital de ne pas oublier, mais qu'il est aussi important de continuer, pour tous.
Les deux familles doivent pouvoir avancer, parce qu'on ne souffre pas que d'un côté, je pense que ses enfants à lui, ainsi que ses parents, ont eux aussi une vie déchirée.
Je fais juste une différence entre celui ou celle qui cogne impunément et sait toujours où s'arrêter avant de tuer (celui-ci s'en sort toujours), et celui qui agit sous le coup d'une pulsion, d'une emprise ou d'une passion. Rien n'est excusable, je pense qu'on est tous d'accord sur ce point, mais effectivement aucun d'entre nous n'est a l'abri d'un dérapage, et ça fait salement réfléchir ...

Anonyme a dit…

Et bien ! j'ai l'impression d'être à la maison il y a une semaine de cela, au détour d'un dîner entre filles le sujet est venu se mettre à notre table et tout ce que je peux dire c'est que le débat fut passionné...
Il y a des sujets comme ceux-là, qui cristallisent nos passions...un mal un bien ? Je n'en sais rien...

CarrieB a dit…

@MissTortue : Je ne perçois pas spécialement non plus Cantat comme un « monstre », juste comme un meurtrier qui, d’après moi et ce n’est que mon opinion personnelle, ne respecte pas suffisamment les proches de sa victime en s’exposant ainsi maintenant, et je m’interroge.
Quand on a honte, on évite généralement la surexposition médiatique, non ? Et visiblement ses nouveaux titres ne sont pas le fruit d’une pression de sa maison de disque, mais d’après lui d’une « urgence sociale », alors que je ne suis pas persuadée que la France aille nécessairement mieux après avoir écouté ses chansons.

@jean-philippe : Loin de moi l’idée encore de faire justice moi-même, ce billet n’a pour vocation que d’exprimer mon indignation personnelle. Nous ne referons pas le procès, ni ne changerons ici la condamnation. Je sais également que Noir Désir ça n’est pas seulement Cantat, mais que Noir Désir sans Cantat n’est plus Noir Désir, alors même si ses compagnons de jeu n’ont rien fait, son acte à lui a influencé à jamais leurs vies et leurs choix.

@l……uc : Effectivement « gentleman » n’est pas le mot qui me vient spontanément à l’esprit en pensant à Cantat !

@Anonyme : Après une telle prose il conviendrait tout de même de dévoiler ton identité, chacun est libre de ses opinions et je n’ai jamais mangé personne ;-)
D’abord, j’ai brûlé depuis longtemps tous mes livres de René Char, et les crimes peuvent tuer la sincérité au même titre que je ne confierais pas mes enfants à un ex-pédophile, ni les clés de ma maison à un ex-voleur, même s’ils ont purgé leur peine et qu’ils se sont repentis.
Effectivement le but de mon post était autant d’évoquer mon opinion que de soulever des questions, mais certainement pas de me faire de la publicité en quoi que ce soit ou d’attirer des visites, et si tu regardes un peu mon blog tu verras que je ne fais pas dans le racolage ni dans la collection de commentaires sans intérêt.
Quant à mettre Cantat sur un piédestal pour ses actions ( ?) passées, je me permets de modérer tes propos sur son tout hypothétique rôle de « conscience pour une humanité digne », alors que des foules d’anonymes œuvrent concrètement chaque jour au service des autres sans en retirer d’autre bénéfice que le plaisir d’aider et se sentir utiles.
Je ne me sens pas meilleure parce que je le juge pire, mais si la vie faisait que je commette un crime et que je le regrette, je me ferais oublier d’une manière ou d’une autre.

@Minipoucine : Je sais que tu es bien placée pour parler de seconde chance, et je suis d’accord avec le principe de réinsertion comme tu l’as compris, mais effectivement c’est plutôt le moment et la manière que je mets là en cause.


@ma fée : Je me suis laissée dire hélas que Cantat faisait partie de ceux qui savaient s’arrêter de cogner et s’en sortaient impunément jusqu’à ce funeste jour, et les hommes violents prennent toujours l’excuse de la passion, c’est assez classique, sans jamais remettre en cause la stabilité de leur état mental. Pour ce qui est des dérapages, bien sûr qu’aucun de nous n’est à l’abri, mais c’est son retour à la notoriété et non son geste, pour lequel il a été jugé, qui peut interpeller désormais.

@Zaile : C’est justement suite à une discussion à la maison que j’ai décidé d’aborder ce thème ici, et j’étais curieuse de savoir ce que d’autres en pensaient. Visiblement la majorité est partagée, mais le sujet a le mérite de soulever remise en question et réflexion sur ce type de situation.

Muse a dit…

Aujourd'hui, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, ton billet prend une valeur toute particulière...
166 femmes sont mortes en 2007 en France des suites de violence "conjugale".
Une question: doit-on banaliser ces actes?

Anonyme a dit…

Chaque fois que je viens voir tes posts, je vois "17 commentaires", as tu deja pensé à te pencher sur la numérologie ? (lol)

Contrairement à certains ici je n'aurais aucun mal à savoir "de quel coté" je me trouve.... mais c'est aussi parce que je n'ai pas la capacité actuellement d'être objective face aux violences faites aux femmes ou aux enfants car l'evocation de celles ci fait douloureusement écho en moi .

Ainsi de façon "professionnelle" et sociale je me tiens à distance pour laisser les gens "neutres" decider .

je t'embrasse

Anonyme a dit…

Ayant pris le temps de la réflexion... voici mon opinion sur le sujet.
La justice dans notre pays est un instrument que je pense du gout de la majorité et je ne me sens donc aucun droit de la critiquer.
Je suis plus ennuyé par les "erreurs judiciaires" que par les sentiments d'injustice du public lorsque tel, qui a purgé la peine qu'on lui a attribué, est remis en liberté.
Et, tant qu'à me révolter, je vais vous dire... ça me fait mal qu'on puisse vendre des mines ou des cartouches qui vont servir, par la volonté de quelques uns, qu'on ne nomme pas assassins, à briser des familles, moins médiatiques, il est vrai.
Marie T est morte, oui, paix à son âme. Bertrand C a payé ce qu'on lui a demandé, que sa vie reprenne en paix. Je suis plutôt d'accord avec Anonyme quand aux changements qui sont intervenus dans cet homme.
Et en accord aussi avec MissTortue, je pense qu'entre les "désirs" de cet homme et l'attrait du pognon pour ses producteurs....
Vous savez quoi ?
C'est pas mal, internet, mais j'aurai adoré vous rencontrer tous autour d'une table ! On se fait une bouffe et on refait le monde ? Il en as bien besoin.
Merci à tous... j'ai ressenti en cherchant quoi dire ici - pour le motif de juste "donner" du plaisir à notre hôtesse - qu'il n'est pas facile d'exprimer le fond de ses pensées en toute quiétude, sans se sentir... observé, jugé.

OMO-ERECTUS a dit…

Bien sur, il s'en trouvera toujours certains pour afirmer qu'une fois la peine purgée, un condamné est en droit de réintégrer la société civile. Pour ma part, je ne suis pas très loin de cette opinion.

Mais... mais voilà: il est une autre liberté, celle de ne pas prêter oreille au retour de Cantat sur la scène musicale.

N'y a-t-il pas quelqu'un de censé qui pourrait entreprendre une chaîne de boycotte des nouvelles chansons? Les chaînes de radio n'emboiteraient-elles pas le pas devant l'opinion publique?

Anonyme a dit…

ça m'avait fait mal tout le tapage quand l'affaire avait éclaté, je pensais mais laissez-le tranquille il paie déjà sa peine. L'obscénité du matraquage médiatique (un peu comme Poelvoorde ces dernières semaines) je trouve toujours ça écoeurant. Après quand il est sorti je me suis dit qu'il allait enfin pouvoir retrouver un peu de calme, retrouver la vie. Alors une médiatisation aussi rapide, ça sonne faux. Surtout pour faire la morale à d'autres, complètement déplacé. A croire qu'il veut s'exposer volontairement aux projecteurs (finir comme King Kong criblé par leurs balles comme dirait Marco Prince de FFF), s'offrir encore en sacrifice parce que pour un artiste rien n'est pire que le silence et l'immobilisme, quitte à se laisser griller sur le bûcher. Mais personnellement je suis loin de trouver ça beau.

Mémère Cendrillon a dit…

Arf... On juge avec sa tête, on écoute avec ses oreilles, et parfois, son coeur. La raison, la passion... Tout ce que tu dis est juste, et pourtant, les choses ne sont pas aussi simples à mon sens. J'attends de voir comment l'homme va re-rencontrer l'artiste, j'attends de voir en fait.
Quant à la peine purgée, je pense que certains sont tellement dans le repentir qu'ils se sont enfermés tous seuls bien avant leur privation de liberté, et d'autres pourraient rester toute leur vie derrière les barreaux sans connaître un jour l'ombre du mot repentir...

CarrieB a dit…

@Muse : Je te répondrai évidemment qu’il ne faudra jamais banaliser la violence, même si c’est exactement ce que tous les médias tentent de faire au quotidien. Quant au chiffre, chaque année il me donne froid dans le dos…

@gael : Je ne sais absolument pas ce que le nombre 17 signifie en numérologie, mais peut-être est-ce pour toi qu’il est important puisque c’est à chacune de tes visites qu’il s’affiche ! Je ne me prétends pas neutre non plus, mais chacun a le droit d’exprimer ses idées, et à plus forte raison celles et ceux que la cause touche de près !

@Frédéric : Je crois tout d’abord qu’on ne trouve jamais vraiment la justice injuste qu’à partir du moment où l’on est concerné directement.
Quant aux injustices, comme je le rappelle en début d’article «(…) Dieu sait combien il m’en est donné de constater chaque jour, ici et ailleurs, et qu’une vie ne suffirait pas à dénoncer, voire à combattre, malheureusement (…) », elles font effectivement partie de notre quotidien, mais si personne n’en parle elles ne cesseront jamais, et la liberté d’expression est une des dernières rares dont ont dispose encore à peu près.
En tous cas c’est avec plaisir que j’en aurais parlé avec vous tous autour d’une table, mais rien n’est impossible !

@Omo-Erectus : Heureusement que cette liberté existe, et j’en use et en abuse, en évitant soigneusement d’écouter les nouveaux titres de Cantat, je n’y arrive pas.
Quant aux chaînes de radio, je crois au contraire qu’avec tout le battage médiatique autour de ce retour elles ne risquent pas de boycotter ses chansons.
Et encore une fois, oui à la réinsertion, mais oui aussi au respect et à la dignité.

@frisson : Oui, « déplacé », je trouve ça déplacé et ironique ce come back en fanfare pour porter la bonne parole.

@Mémère Cendrillon : Il est évident que rien n’est simple, ni définitif, juste que je voulais exprimer mon ressenti « à chaud » sur ce retour inattendu, et compatir à ce que doivent vivre les proches de Marie en cette période.

alexia a dit…

la justice n'est pas toujours juste, il y a des pédophiles, des meurtriers, des violeurs qui sortent bien avant la fin de leur peine pour bonne conduite...et recommenceront malgré un suivi psychologique. Je pense que Cantat a payé pour sa faute, pourquoi vouloir le punir davantage? comme Miss Tortue j'ai du mal a voir un monstre en lui, malheureusement des tragédies dues a la violence et l'alcool, il y en a toutes les semaines ici.
Il s'agissait d'un accident, pas comme ces femmes en France qu'on brule volontairement vives sur des places publiques ou qu'on viole collectivement parce qu'elles refusent le mariage forcé...
Cantat va devoir vivre toute sa vie avec ca sur la conscience, je pense que c'est une punition suffisamment dure. Enfin, les médias et les maisons de disques savent être manipulateurs, personnellement je doute que Cantat recherche toute cette publicité.

Anonyme a dit…

il se trouve que Cantat est musicien. il aurait été boulanger, se serait-on posé la question ? voila à mon sens, toute l'absurdité de votre position. de plus, je ne vois aucun rapport avec votre évocation de l'injustice et la suite de l'article. selon vous, le jugement de Cantat aurait-il dû prendre en compte son activité ?
que signifie pour vous "trahir son public" ? s'est-il pointé en tournée avec un album faiblard et deux répétitions dans les pattes ? non. et que doit-il d'autre, selon vous, à son public ?
où se trouve l'insolence dans la démarche d'un homme qui reprend, en sortant de prison, le seul métier qu'il n'ait jamais exercé ? le même boulanger aurait-il été taxé d'insolence, lui aussi ?
"Donne-t-on l’opportunité à un employé lambda de revenir impunément à son poste après la prison pour meurtre ?" la réponse est : dans certains cas, oui. Le boulanger aurait simplement repris sa boulangerie, le serrurier, sa serrurerie ! c'est certes plus compliqué pour un employé, mais néanmoins possible.
sous prétexte qu'il est un personnage public, sa conscience appartient-elle à tous ?
personne ne l'empêchait de vivre une vie moins exposée, dites-vous ? et que proposez-vous ? le boulanger serait-il devenu chanteur ? le chanteur doit-il devenir boulanger ?
enfin, les victimes et leurs familles ne sont probablement pas suffisamment suivies / protégées / considérées lors des décisions de justice, mais si le fait de se mettre à leur place permettait de rendre une justice meilleure, il me semble que cela se saurait et que l'on les laisserait juger elles-mêmes leurs agresseurs ...

Anonyme a dit…

Il a tué, sans préméditation, la femme qu'il aimait.

Il se droguait ( comme elle ) , se drogue peut-etre encore aujourd'hui, mais ça ne vous pose pas le même problème?



Un artiste n'est pas un modele, dumoins si l'on a plus de quatorze ans, il dit ce qu'il pense, ressent, et trouve ou pas des gens qui aime et le fond, et la forme.
Je pense même est un hyper-homme, il est fondamentalement dans l'excès...

Il n'a pas fait de texte sur son crime, il n' a pas ecrit sur lui ou sur elle, ce qui lui est d'ailleurs interdit si je me souviens bien.

Il reprends sa vie, avec cette experience en lui, mais qu'il n'expose pas dans son metier.



Je ne vois définitivement pas le rapport entre son crime et le fait qu'il compose à nouveau, vous parler de pub, je pense sincerement que son crime à fait perdre au groupe Noir désir beaucoup de ses fans...



Dans la même réponse à vos commentateurs, voici ce que je lis :



@Anonyme : Après une telle prose il conviendrait tout de même de dévoiler ton identité, chacun est libre de ses opinions et je n’ai jamais mangé personne ;-)
D’abord, j’ai brûlé depuis longtemps tous mes livres de René Char, et les crimes peuvent tuer la sincérité au même titre que je ne confierais pas mes enfants à un ex-pédophile, ni les clés de ma maison à un ex-voleur, même s’ils ont purgé leur peine et qu’ils se sont repentis.



Puis plus loin:



@Minipoucine : Je sais que tu es bien placée pour parler de seconde chance, et je suis d’accord avec le principe de réinsertion comme tu l’as compris, mais effectivement c’est plutôt le moment et la manière que je mets là en cause.



[...] en pleine contradiction, quel moment? il est sorti de prion en septembre 2007 me souffle-t-on à l'oreille, il y a plus d'un an !!!

La manière? il chante, il fait ce qui est sa vie...

Oui à la réinsertion ... j'ai du mal à vous croire.

Muse a dit…

Carrieb, avant de remonter en Lozère, je viens te souhaiter un Joyeux Noël...

Anonyme a dit…

Totalement d'accord avec toi.

et oui... il y a ce vieux fond, surtout s'il s'agit d'une femme, qu'elle a dû le chercher....

Bravo pour ton billet.

J'adorais Noir Désir. Pour ses convictions sociales et politiques tout autant sinon plus que pour sa musique. Indissociables. Ces anciens collègues deviennent des complices de cette impudeur indescriptible.

Vive le souvenir de Marie.

Zed

Anonyme a dit…
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Anonyme a dit…
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