25 mai 2008

Fete des mères, mais pas que

Ce dimanche 25 mai est bien sûr celui de la fête de toutes les mamans, mais j’en ai déjà parlé par le passé suffisamment ici et , et puis aussi.
Ce qu’on sait moins, c’est que cette date correspond aussi au pire cauchemar de chaque mère, de chaque parent : la disparition d’un enfant.
Aujourd’hui a lieu pour la 6ème année consécutive en France (la 25ème pour les USA) la Journée Mondiale des enfants disparus, dont le nombre s’élève ici encore chaque année à environ 40 000, qui pourraient être les vôtres, ou les miens.
Parmi eux, une grande partie de fugueurs, ou plutôt de fugueuses, puisque les filles sont plus nombreuses à oser quitter le domicile parental sur un coup de tête, et de plus en plus d’enlèvements parentaux, exponentiels à l’augmentation des séparations et divorces, et contre lesquels il est difficile d’agir, à plus forte raison lorsque le parent kidnappeur se cache à l’étranger.
La plupart des ces 40 000 mineurs sont heureusement retrouvés dans l’année, sachant que les 48 premières heures sont toujours décisives en cas d’enlèvement, et qu’en cas de fugue l’échéance du mois semble être souvent concluante.
Mais environ 2%, seulement et tellement à la fois, constituent les enlèvements criminels.
Seulement parce que le pourcentage faible semble une proportion "acceptable" pour un statisticien, tellement parce qu’aucune de ces histoires individuelles ne peut laisser insensible.
Face à ce drame, les familles concernées se sentent souvent abandonnées, obligées de se conformer aux recherches habituelles menées par la gendarmerie, démunies face à l’inconnu et anéanties, par l’inquiétude et la douleur, même si de plus en plus d’associations sont présentes à leurs côtés.
Dans tous les témoignages de parents, ce qui revient inlassablement comme le pire à surmonter est l’incertitude, même de nombreuses années après la disparition.
Comment faire le deuil contre nature d’un enfant quand l’espoir est intact, faute de corps, entretenu par de fausses alertes et l’absence de nouvelles, et quand on n’a aucun lieu où se recueillir, où pleurer une réalité officiellement constatée ?
En tant que mère, c’est sans aucun doute la pire chose qui pourrait m’arriver, et, tout en compatissant sincèrement avec les familles concernées, je n’ose imaginer dans quel désarroi une telle situation peut les placer, et je sais bien que personne n’est préparé à ce genre d’épreuve, que personne ne veut s’y préparer, à juste titre.
Sans doute n’y a-t-il pas plus de disparitions que par le passé, sans doute en entend-on davantage parler avec l’expansion des médias et la surexposition des « affaires », mais le risque est là, omniprésent, de l’école au supermarché, du quartier à la fête du village.
Sans devenir paranoïaque ou terroriser les enfants, la meilleure action de prévention reste la communication et la confiance, la liberté dans un cadre bien défini, et l’information des attitudes à avoir en cas de doute, plus que l’explication précise des dangers encourus.
J’en ai pour ma part parlé très simplement à ma fille dès qu’elle a été en âge de comprendre qu’il ne fallait pas répondre aux inconnus, quand l’occasion s’en est présentée, et continue à communiquer sur le sujet au fil de ses interrogations et de sa croissance.
Beaucoup de mamans dans mon entourage n’ont jamais abordé le sujet et pensent à tort traumatiser leur progéniture en évoquant une éventualité qui reste marginale.
Je pense personnellement que c’est dans tous les cas une bonne entrée en matière au monde tel qu’il est, fait certes de rose, mais aussi de nuances de gris et de noir, un monde imparfait à la mesure d’humains non exempts de failles.
Dans mes recherches pour cet article, j’ai découvert plusieurs outils simples et faciles d’accès aux plus jeunes, supports à une discussion mère/enfant par exemple, propice en ce jour spécial de fête des mères, mais aussi de mobilisation des pouvoirs publics et du grand public sur la problématique des disparitions d’enfants.
Il y a notamment le « marque-page de sécurité », avec les 7 conseils élémentaires de prudence et de sécurité de l’enfant, ou encore la mini-bande dessinée « Et toi, tu fais quoi ? », ou comment il peut faire face aux situations imprévues, disponibles l’un et l’autre gracieusement sur simple demande par mail à l’APEV (Aide aux Parents d’Enfants Victimes).
Pour éviter un jour d’être dans les 2% qui font mal, et parce que quand on peut prévenir, c’est faiblesse d’attendre (dixit Jean de Rotrou), parlons-en, parlons leur.

22 commentaires:

Anonyme a dit…

Si tu le prends comme ça, alors là, je ne râlerai pas contre la fête instaurée par Pétain et récupérée par les marchands.
Cela dit, il ne faut pas non plus que les enfants deviennent paranos, vivent dans la peur, et voient des satyres à tous les coins de rue...
Il y a un équilibre difficile à trouver.

LOLO a dit…

Bonne fête Carrie, et bravo pour cette parenthèse vers un sujet terrible qui doit en effet crever le coeur de biens des mamans (et des parents) dont l'enfant a disparu.
Je reconnais bien là ton sens de l'amour des autres, et ta générosité, deux des multiples facettes de ta personnalité si attachante.

Anonyme a dit…

A l'école, nous abordons aussi le sujet grâce à des vidéos diffusées par les infirmières scolaires dès le CP.
Les vidéos à destination des petits sont faites avec des marionnettes, celles pour les plus grands par des acteurs.

On y voit des situations de "tous les jours" au cours desquelles un enfant se retrouve dans une situation potentiellement risquée et on discute de la bonne attitude à adopter.

On constate (heureusement) que la grande majorité des enfants a reçu des bases d'éducation dans ce domaine, et fait preuve de bon sens.

Par contre, c'est aussi parfois un moment difficile quand un gamin nous révèle un truc atroce et qu'on doit lancer une procédure de signalement (c'est rare, mais ça arrive)

Anonyme a dit…

Merci à toi pour nous donner des informations claires et précises...
On aimerait parfois ne pas aborder ces histoires sombres avec nos enfants mais il vaut mieux prévenir...

Muse a dit…

La disparition reste un sujet atroce pour une maman...j'ai en mon temps participé à la recherche du petit Yannis à Ganagobie, un samedi après midi...ma motivation était juste le fait d'avoir trois garçons, d'être parent et de se dire que si seulement...hélas, il n'a jamais été retrouvé!

Anonyme a dit…

C'était déjà grâce à toi que j'avais pris ma carte de donneuse d'organes, c'est encore grâce à toi que je découvre cette journée mondiale qui m'était inconnue. Je rejoins lolo tahiti, ton empathie ne m'étonne plus, t'es une sacrée nana Carrie :)
Quand au monde, effectivement il est de toutes les couleurs, et les enfants comme tu le dis devraient très tôt (grâce aux parents et aux enseignants!) saisir le plus de tons sur le nuancier du danger.

Titouns a dit…

j'aime ton post, parce qu'il est écrit avec le coeur mais aussi avec de la recherche d'infos...
je suis d'accord avec toi, même si je ne suis pas maman, mais simplement grande soeur (de 15 ans plus vieille).
On en a toujours parlé à la maison, tout en nous disant qu'il ne fallait pas être parano non plus...
je te souhaite une bonne fête des mamans!!!

CarrieB a dit…

@ papet : C’est comme beaucoup de choses, une affaire de juste milieu, mais quand les choses sont dites au bon moment, sur un ton juste et simple, avec des mots choisis, il n’est pas question de paranoïa ni de fixation, ça fait juste partie de la vie et de ses risques, comme d’attendre que le bonhomme soit vert avant de traverser la route.

@lolo : Merci Lolo, pour la fête et pour le reste, mais en ce cas précis aucun parent ne reste insensible.

@MissTortue : Ca fait partie des initiatives de l’Education Nationale que j’apprécie, et qui doivent ensuite être relayées en famille par un dialogue avec l’enfant, même si le sujet a déjà été abordé par le passé.
Les enfants ont beaucoup plus de bon sens qu’on ne peut l’imaginer, oui, et c’est peut-être aussi pour cela que les disparitions concernent malheureusement de plus en plus des tous petits, moins capables de réflexion et de distinction par rapport à certaines situations.
Quant à la procédure de signalement, j’imagine aussi que ça doit être éprouvant, entre notamment la peur pour l’intégrité de l’enfant, les craintes pour son avenir et les doutes sur les peines futures des responsables.

@Pema : Oui, ce serait sans doute dans le monde idéal joliment dépeint par ton chéri ! Malheureusement nous n’y sommes pas (encore ?) et effectivement il vaut mieux prévenir…

@Muse : J’ai beaucoup lu sur l’affaire Yannis More en faisant mes recherches pour cet article, c’est hélas un de ces enfants dont on ne sait jamais ce qu’il est devenu, et pour lequel on a pu imaginer le pire. Etre présente sur le terrain à ce moment là a du être une épreuve pour tout le monde, un mélange de sentiments d’espoir et d’inquiétude, mais ça ne m’étonne pas que tu ais participé aux recherches sans hésitation, tu as un grand cœur.

@schizozote : Merci, vraiment , ton commentaire me touche beaucoup, et me fait penser que j’ai pu être utile par ici au moins en quelque chose, et pas n’importe quelque chose.
Si on pouvait mettre un peu plus de couleurs pastels en ce monde…

@titouns : Merci pour tout, et la cause des enfants est universelle, parents ou non, nous avons tous été un jour enfants, insouciants, innocents. La communication est essentielle, que ce soit sur ce sujet ou sur d’autres, et si le message est passé sans créer un sentiment de peur, c’est que c’est gagné.

Anonyme a dit…

Ah la la ! c'est pas gai chez toi Carrie aujourd'hui !
Mais tu as raison, la prévention c'est important, et à chaque âge ses préoccupations ! Après tu auras : les mauvaises rencontres sur internet, la contraception, les MST, l'alcool, la drogue ... on n'a pas fini de se faire du mouron pour nos bébés chéris, même quand ce ne sont plus des bébés !

CarrieB a dit…

@madame2 : ...et la route aussi. C'est d'autant moins drôle ici que j'ai appris ce matin que le fils des meilleurs amis de mes parents, âgé de 24 ans seulement, a perdu la vie au soir de la fête des mères avec un copain du village dans un accident de voiture. Ils restent toujours nos bébés.

Anonyme a dit…

Moi je suis pas un fana de la fête des mères. Pourquoi ?
Ben j'sais pas...demande à ma mère.

CarrieB a dit…

@kundun : Ah ben voilà, t'as lu que le titre! Tu sais que si tu lis un peu plus loin, je ne parle pas du tout de ça en fait? ;-)

Chris d'Ego a dit…

Je n'ai pas subi cette horreur dans ma famille mais disons que petite, l'enlèvement d'enfants a vraiment marqué ma vie. A 8 ans, il y a eu pas mal de cas d'enlèvements, de viols et de meurtres dans ma région. Ca a créé une psychose et je me rappelle m'enfermer dans ma chambre avec une aiguille à tricoter...mes parents et grand-parents m'ont bien éclairé à ce sujet et ne m'ont fait aucun tort. Non, la peur venait davantage des rumeurs, du climat tendu qui s'amplifiait car aussi les enfants aiment les histoires qui font peur. Alors on oscillait entre fiction et réalité, jusqu'à que le temps passe. Mais cette peur continue quand même de m'accompagner encore à ce jour.

Anonyme a dit…

Bonne fête à toi.

Le sujet est difficile, la disparition d'un enfant est toujours terrible, d'autant plus quand le corps n'est pas retrouvé, le deuil ne peut pas se faire et le doute est toujours présent...

bye

Minipoucine a dit…

En effet, on pense à toutes les mamans (ou papas lors de la fête des pères) lors de ce genre de fêtes mais on a tendance à oublier que ce genre de fête peut être un crève-coeur pour tous ces parents dans l'incertitude.
Bravo pour ce bel article et bonne fête avec quelques jours de retard!:o)
Bises

Mister a dit…

Coucou toi!
Il y avait longtemps que je n'étais venu te rendre une petite visite , j'espère que tout va bien...
A bientôt j'espère

Mémère Cendrillon a dit…

Bien au-delà de la mort d'un enfant, je place sa disparition. Ne pas savoir reste pour moi le pire cauchemar : je pense que je ne finirais pas de l'entendre hurler, m'appeler au secours, la nuit, le jour, toutes les nuits, tous les jours...
Bien beau billet...

Anonyme a dit…

C'est aussi le cauchemar des pères... J'ai beaucoup apprécié cette note et l'ensemble de ce que j'ai parcouru(un peu vite).Si vous n'y voyez pas d'inconvénients,je vous mettrai volontiers en lien sur la blogroll de mes blogs préférés. A bientot, JPR.

Anonyme a dit…

Comme Kundun (ben merde alors !) je n'aime pas cette fête, un peu comme Noël et pour les mêmes raisons sans doute.
Pourtant j'ai lu jusqu'au bout, et je dois dire que, oui, tu as raison, la sensibilisation est ce qu'il reste de mieux à faire avec nos loulous. Hélas, je crois que malgré toutes les précautions prises, il est difficile de lutter contre la folie humaine ou contre le destin de chacun.

CarrieB a dit…

@Chris d’Ego : J’avais moi-même 8 ans lorsque a eu lieu pas très loin de chez moi « l’affaire Grégory », et ai connu aussi la panique davantage due au bouche à oreille et aux médias.
A ce jour, l’affaire n’est toujours pas résolue, et désormais c’est moi qui m’inquiète pour mes enfants.

@nat : Merci, et il est clair que sans corps il y a toujours ces interrogations qui persistent à vie et empêchent les familles de faire leur deuil et d’essayer de se reconstruire doucement.

@Minipoucine : Merci, même avec du retard !Je ne sais pas si les parents concernés ont plus mal ce jour précis ou pas, je pense que c’est un enfer quotidien, qu’on peine à imaginer de l’extérieur.

@Jean-Marc : Coucou toi ! En même temps, ça faisait longtemps aussi que je n’avais pas écrit par ici, donc c’est pas si grave, mais je vais bien merci.

@Mémère Cendrillon : J’imagine que c’est ce que vivent toutes ces familles, et c’est dur de se dire qu’on préfèrerait autant savoir son enfants mort que torturé ou pire, mais c’est une réalité.

@ludion libre : Avec plaisir, cher ludion, merci. Oui, le cauchemar de tous les parents, sans aucun doute, et pourtant on a tout un tas de choses qui peuvent nous rendre inquiets pour eux au quotidien.

@ma fée : Je pense que l’importance qu’on donne a cette fête est forcément étroitement liée à l’état de la relation que l’on a avec sa propre mère, effectivement.
Evidemment si la prévention suffisait pour tout, il n’y aurait plus d’accidents de la route, de SIDA, de cancer du poumon, d’enlèvements…mais si ça peut servir au moins à en sauver quelques uns, ou à leur apprendre que la vie n’est pas toujours aussi merveilleuse qu’ils le pensent, c’est déjà ça. Nous leur fournissons des armes, celles de la connaissance, de la capacité de juger, de la confiance en soi, de la curiosité…, à eux d’essayer de les utiliser au mieux dans leur vie, comme ils le souhaitent ou comme ils le peuvent.

Anonyme a dit…

je comprends très bien ce que tu as ecris là .... j'y ai pensé moi-même au moment de cette fête, et à bien d'autres occasions aussi . Je crois que lorsque l'on est 1 mère, et non pas juste 1 genitrice, on ne peut pas s'empecher de craindre ce genre d'horreur ....

bonne semaine à toi et aux tiens :)

Anonyme a dit…

Le sujet est délicat. Je suis une maman anxieuse et j'avoue que ce problème m'a traversé l'esprit plus d'une fois. Je n'ose pas imaginer la vie des parents affectés.