07 mars 2007

La minute la plus longue de ma vie

Il devait être 16h30, ce samedi 3 mars 2007.
A 16h31’02’’23"', tout était fini.
J’avais imaginé depuis plusieurs mois le scénario, les sensations, sans rien en connaître, mais c’était rassurant quelque part, de faire semblant de savoir à quoi je m’attendais.
En fait je n’en avais absolument aucune idée.
J’en avais fait des folies jusque là, mais celle-ci avait un goût particulier, mi-figue, mi-raison ; le goût sucré du risque et aussi celui, piquant, de l’appréhension. Un peu. Pas l’habitude.
C’était sans doute la chose la plus dangereuse, la plus dingue, la plus inconsciente que j’avais jamais faite.
Avaler les deux centaines et quelques dizaines de kilomètres en voiture en ne pensant qu’à ça, patienter dans les bouchons de départs en vacances en ne pensant qu’à ça, poser les bagages à l’hôtel en ne pensant qu’à ça, mettre une tenue adéquate en ne pensant qu’à ça.
J’y pensais, mais je n’y réfléchissais pas, parce qu’à la réflexion je n’y serais peut-être pas allée.
Après tout, le fait d’avoir la chambre 13 de l’hôtel, celui d’avoir écopé d’une nouvelle contravention la veille ou de porter une attelle au poignet auraient pu être interprétés comme des signes décourageants.
Une seule piste en France, pas de chance de s’être trompée d’endroit, et la météo idéale.
C’est que ça avait l’air assez facile à la télé, quand je les avais vus aux jeux olympiques d’hiver.
Ca avait même l’air plutôt amusant.
La voiture garée sur le parking à 1800 mètres d’altitude, j’avais pu prendre une grande bouffée d’air pur en regardant les majestueuses montagnes, et avancer d’un pas décidé jusqu’au départ.
Pas le temps d’observer, de reculer, de changer d’avis, de dire qu’avec mon entorse finalement ça n’était plus possible, il avait fallu très vite enfoncer un casque sur la tête et écouter attentivement les brèves consignes.
Recroquevillée dans ce bolide rouge bien nommé « l’italien », entre le pilote et M.CarrieB, j’avais regardé le ciel, puis la piste, avant de commencer à glisser.
Et c’était parti pour une descente inoubliable de la piste de bobsleigh de La Plagne, à bord d’un taxi-bob atteignant les 114 km/h, et luttant de toutes mes forces contre la pression de 3,5G qui écrasait ma tête et mes épaules.
Une lutte interminable contre mon propre corps.
La vie avait pris soudain un autre sens, j’avais plus que jamais conscience de sa fragilité, prisonnière de ce labyrinthe de glace, de ce bruit insupportable qui emplissait mon crâne et des vibrations surréalistes de la coque.
La minute la plus longue de mon existence, la plus éprouvante physiquement aussi, mais une vraie dose d’adrénaline qui, à l’arrivée, m’avait gorgé davantage encore d’appétit de vie.
Ingmar Bergman aurait dit que « c’est l’ombre de la mort qui donne relief à la vie ».

Si l’expérience vous tente, allez voir par ici, et pour une vidéo de descente en monobob, un peu moins rapide mais forte elle aussi en sensations, jetez un œil .
Mieux qu’un Yeti ou qu’un tic-tac pour une grande vague de fraîcheur.
Petit clin d’œil du 8 mars :
En cette journée de la femme, un joli cadeau de M.Pablo Davila, qui parle de mon blog dans
cet article paru en Suisse Romande.

32 commentaires:

LOLO a dit…

Hé hé Carrie... encore un joli grain à rajouter à ton chapelet de folies hein ?
Alors je ne pense pas que Ingmar Bergman parlait de bobsleigh quand il a dit la phrase que tu cites parce qu'il était pas très "fast and furious" comme réalisateur...
Et j'aurais bien voulu voir une photo de toi pendant la descente avec le visage soumis à la pression de 3,5 G...

Anonyme a dit…

Waouhhh ... trop cool ! J'ai l'impression d'y être ! Quand même, c'est pas sérieux dans ton état mais heureuse que tu en gardes un bon souvenir.
Il est parfois bon de savoir où se situent nos limites ...
Biz

Anonyme a dit…

Rasta Rocket était un des films préférés de mon enfance. Surtout la scène où la salle est vide juste après la démonstration vidéo.

Waow, fallait vraiment avoir du cran pour aller jusqu'au bout. La description est terrifiante. Tu le referais ?

Anonyme a dit…

Rho pinaise...

bon décidé...

j'veux l'faire j'veux l'faire j'veux l'faire

En tout cas à la manière dont tu décris tout, on s'y croit !

Rho wi Rasta Rocket... j'avais bien aimé aussi :)

Anonyme a dit…

Et ton brushing à l'arrivée, ça donnait quoi?

;-p

Anonyme a dit…

miss tortue.... connaissant la longueur des cheveux de la miss, je pense pas que le brushing aie trop souffert :P

CarrieB a dit…

@lolo : Le chapelet commence à peser lourd !
Oui je pense en effet qu’Ingmar Bergman ne pensait pas au bobsleigh, même si les premiers championnats du monde ont eu lieu quand il avait l’âge de 12 ans : peut-être que ça a fait rêver l’adolescent qu’il était, qui sait ?

@chrisdeB : C’est justement ce qui n’est pas sérieux qui est le plus intéressant, et tant que je tiens debout j’en profite.

@frisson : J’avais complètement oublié ce film ! Du cran ou de l’inconscience ?
Je le referais sans hésitation.

@stefie : T’es sûre ? T’as regardé la vidéo ? En zoomant une fois c’est encore mieux…

@miss tortue : Il avait pas bougé d’un cheveu, même stefie te le dis

@stefie : Tu avais vu juste ;-)

ptite lel la lune... a dit…

je trouve cela trés long...
Et j'imagine trés bien le bruit que ça peut faire...Aïe!

Anonyme a dit…

Une pression de 3.5 G pour Miss Carrie...et dire qu'il y a des femmes qui rêvent d'un G !

Vive Carrie et les autres aussi ;-)
Oli

OMO-ERECTUS a dit…

On aurait envie d'y être. Minute la plus longue, avez-vous dit? En êtes-vous bien certaine? Moi, j'aurais l'impression que le temps passe aussi vite que le bob.

Next time: le parachutisme?

Anonyme a dit…

Ca y est, t'es une star !

Anonyme a dit…

hiiiiiiiiiii....y'a pas de freins sur un bobsleigh ? Même sur les toboggans aquatiques j'y vais pas....je suis impressionnée !

Et puis en plus avec ton interview et tout...t'es en train de devenir Carrie Smatic

Anonyme a dit…

Je crois que personnellement je vais me contenter du bob 51.
:)

alexia a dit…

pour moi qui suis malade en voiture dans les virages, c'est pas exactement ce qui convient!à quand le saut à l'élastique?;)

CarrieB a dit…

@lel : Très long et très court à la fois, mais d’une intensité spectaculaire en tous cas !

@olico : Oui, j’avoue que j’ai été plutôt gâtée sur ce coup-là ;-)

@omo-erectus : Vu de l’extérieur, ça va très vite, mais de l’intérieur il ne faudrait pas que ça dure plus longtemps. Il doit y avoir des pistes près de chez toi j’imagine.
Le parachutisme sera au programme d’ici quelque temps sans doute.

@yojik : Oui, d’ailleurs depuis je ne peux plus faire mes courses au supermarché sans être assaillie d’admirateurs, la célébrité ça a aussi ses revers tu sais ;-)

@sardine : Ou Carrie Asthmatique parce qu’on manque un peu d’oxygène lors de la descente !

@stv : Le Bob51 c’est bien aussi dans son genre, ça secoue moins la tête

@alex : Oui, là je te déconseille fortement parce que question virages tu serais servie.
Et le saut à l’élastique représente exactement la limite psychologique que je n’atteindrai pas dans la folie.

Anonyme a dit…

Hmmm voilà quelque chose qui donne envie...
Une minute de vie en plus, une minute de vie-plus, plutôt
Merci

Anonyme a dit…

Sûr que t'es pas banale comme nana !!! Ca fait bien la suite avec ton précédent article. Quel pied la vie te lire !!!

Anonyme a dit…

t'es même pas cap pour le saut à l'élastique! ;-)
(oui, j'aime bien comment tu racontes...)

Anonyme a dit…

cARAMBA
qUELLE VAGUE DE FRAICHEUR
QUELLE DECHARGE D'ADRENALINE!

Un merveilleux voyage
J'adore!!

Tu n'arrêteras pas de nous surprendre;;; Bravo CarrieB

Anonyme a dit…

et bien, sensations fortes ! Je comprends mais ca ne me tente pas du tout. J'aime le risque, la peur qui fait avancer, mais l'adrénaline qui me tord le ventre, non. Ce n'est pas pour moi. Alors j'admire ! Bravo.

CarrieB a dit…

@arpenteur : Disons que c’est une minute dont je me souviendrai plus que certaines autres

@chris : Merci, oui c’était dans la suite du précédent post, et oui il paraît que je ne suis pas banale (par contre je ne sais jamais si je dois le prendre comme un compliment ou comme un « elle est gentille » ;-))

@pema : Il ne faut jamais dire « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau », alors je ne le dirai pas

@el greco : Mieux qu’un chewing gum power fresh avec cristaux de menthe pour la fraîcheur, et qu’un tour de Grande Roue pour l’adrénaline

@stef : Oui on est dingues mais on aime bien aussi ceux qui ne le sont pas, il en faut bien qui soient raisonnables quand même.
La célébrité me guette ? Alors même chez moi je peux pas être tranquille à traîner pas habillée-coiffée-maquillée ?

@libellule : C’est ce que je disais, heureusement qu’il y a encore des gens sérieux en ce bas monde !

Anonyme a dit…

bravo d'avoir été jusqu'au bout! généralement c'est quand on y réfléchit, qu'on se demande ce qu'on fout là! j'ai eu cette même impression lorsque j'ai fait un saut en parachute!

ça l'air drolement fun le bobsleigh!

Anonyme a dit…

moi je me contente d'arpenter la campagne avec un bob sur la tête pour me protéger du soleil...
Ouais, je sais j'suis un peu folle aussi !!!
En tout cas un grand "Bravo"... t'es super courageuse !
Moi quand j'étais plus jeune j'aimais les sensations fortes mais je me contentais de celles de la foire aux attractions... une vraie casse-cou j'te jure !

richard a dit…

Notre Carrie va devenir une star de la blogosphère ! Youppie

Anonyme a dit…

Quand j'ai lu le début et vu la photo (ouais, je sais, je louche un peu ...) j'ai pensé au saut à l'élastique. Je me demande si le saut à l'élastique n'est pas moins dangereux que le bob ?... En tout cas, ni l'un ni l'autre pour moi ! merci !...

Anonyme a dit…

Géant !!! C'est vraiment le genre d'expérience qui n'arrive pas à tout le monde !
Moi-même, ayant habité plus de 7 ans à la montagne je ne l'ai jamais fait.

Chapeau d'avoir joué les Sankaman en tous cas, et sinon, comment se porte ta foulure après ça?

Anonyme a dit…

mais toi alors ! j'ai même pas vu que t'étais décoiffée, trop forte ! par contre je vous confirme , elle avait bien une minerve au poignet avant et après aussi , cette fille est diablement folle mais qu'est ce qu'on l'aime !!

CarrieB a dit…

@le pot de fleur : Tu as testé le parachute alors ? C’était comment ?
Je me dis que le jour où je tenterai, je demanderai à ce qu’on me pousse quand je ne m’y attends pas !

@shygefe : C’est bien, tu joues la carte du raisonnable avec le bob qui protège, et moi celle de la folie avec le bob qui fait prendre des risques

@richard : Ne t’emballe pas trop quand même, je n’ai même pas encore été invitée à la Méthode Cauet. Il paraît que c’est là-bas que vont les stars d'un jour.

@MadameDe : Ta confusion était légitime, mais j’ai pris cette photo juste après ma descente, ce qui peut expliquer le mauvais cadrage et ce câble en plein milieu !
Le truc avec le saut à l’élastique, c’est qu’on est tout seul, et que moi j’aimerais assez mourir accompagnée.

@Evin : C’est toujours le cordonnier le plus mal chaussé, alors maintenant si tu n’habites plus à la montagne, il est temps de le faire! Pour mon poignet, il a repris un bon choc sur le coup, mais depuis ça s’est arrangé merci

@ma fée : T’es trop gentille, et ma coiffure a l’avantage de résister aux vents forts qui soufflent souvent dans ma vallée, alors le bobsleigh ça lui faisait même pas peur !
Ah, et j’ai enlevé ma minerve au poignet ce week-end ;-)

Muse a dit…

de retour de Lozère je commence par ce billet et reviendrais sur le précédent...De la sensation pur jus! je ne sais pas si j'oserai!!!

Anonyme a dit…

Oui, je suis sûre que ça me plairait en fait !

Ah, dis, en passant, merci pour le lien ;-)

Anonyme a dit…

En relisant mon commentaire et ta réponse, j'ai décidé de raconter ce saut en parachute sur mon blog... A lire...

Madame Poppins a dit…

A ne point douter, être citée dans Coopération, cela a dû vous amener bien des lecteurs - trices, résultat probablement agréable mais moins frissonnante que la descente ! Merci pour ce texte, j'ai beaucoup aimé.

A quand la plongée sous-marine dans le lac Léman en janvier dans une eau à 5 degrés ?