Quand je n’étais qu’une toute petite Carrie, je voulais me marier avec lui.
Il était grand, beau et fort, et quand je me blottissais dans ses bras je sentais que rien ne pouvait m’arriver.
Sur ses épaules solides il portait de lourdes charges, en plus de celle de sa petite famille de filles.
Malgré ça il m’émerveillait de sa sensibilité, crayonnant des portraits sur un morceau d’enveloppe ou chantant avec ferveur les tubes de l’époque.
Quelques notes sur un orgue où il a appris à jouer à l’oreille, et j’ai eu envie de faire de même.
D’un rien il a créé les plus merveilleux jeux de mon enfance, village de maisons en carton ou courroie de machine à laver pour faire des bulles géantes, jamais à cours de créativité, même pour mes devoirs d’Arts plastiques.
Tous les hivers nous allions dans le même parc construire le même bonhomme de neige, et nous ne nous en lassions jamais.
C’est lui qui m’a relevée de mes premières chutes de ski de fond, sur les pistes immaculées des Hautes Vosges, lui qui m’a poussé sur mon vélo sans roulettes pour que j’apprenne vite, parce qu’avec lui à mes côtés, c’était sûr, je ne pouvais pas me faire de mal.
C’est avec lui que j’ai découvert les outils et combien il pouvait être instructif de démonter et remonter une télévision ou un réfrigérateur, comprendre le fonctionnement des choses pour trouver la cause des problèmes.
Pêcher, cueillir des champignons, ramasser du muguet ou des escargots, toutes les occasions étaient bonnes pour partir à la rencontre de la nature.
Observer là où le regard ne se pose pas forcément, sous une feuille, dans un mécanisme, au fond du sable ou de la terre.
Et puis l’amour des cailloux, des pierres, le secret des galets tous simples qui en leur cœur révèlent des beautés insoupçonnées, comme lui.
Il a choisi mon prénom, si étrange mais qui me va si bien, il m’a appris à savoir rester humble, connaître la valeur des choses, et surtout celles qui n’ont pas de prix.
Discret et secret, il a toujours porté en lui des souffrances passées et s’est construit tout seul sur des bases invisibles, juste une grand mère aimante dans une famille qui n’était pas la sienne.
Incompris, solitaire, il a l’âme de l’ermite qui se retire au fond d’un bois pour méditer dans un mutisme absolu, et pourtant il répond présent dès qu’on a besoin de lui.
Il m’a transmis ce goût de l’isolement et de l’introspection, qui permet par périodes de prendre du recul par rapport à la vie et à ma vie, s’arrêter pour regarder le monde tourner et réfléchir.
J’aime à percer cette carapace, armure contre les aléas de l’existence, et chaque sourire, chaque confidence, chaque regard complice est un trophée qui trône sur l’étagère de ma mémoire.
Je me plais à penser que j’ai pu lui apporter jusqu’à présent des moments de bonheur qui ont pu illuminer son âme.
Je me plais à penser qu’il est heureux et apaisé dans sa retraite active.
Je me plais à penser que je ne suis pas étrangère au fait qu’il ait enfin décidé de se soigner.
Je me plais à penser qu’il est fier de moi et de ce que j’ai fait de ma vie.
Je me plais à penser qu’il m’aime très fort, même s’il ne me l’a jamais dit.
Bonne fête papa.
Il était grand, beau et fort, et quand je me blottissais dans ses bras je sentais que rien ne pouvait m’arriver.
Sur ses épaules solides il portait de lourdes charges, en plus de celle de sa petite famille de filles.
Malgré ça il m’émerveillait de sa sensibilité, crayonnant des portraits sur un morceau d’enveloppe ou chantant avec ferveur les tubes de l’époque.
Quelques notes sur un orgue où il a appris à jouer à l’oreille, et j’ai eu envie de faire de même.
D’un rien il a créé les plus merveilleux jeux de mon enfance, village de maisons en carton ou courroie de machine à laver pour faire des bulles géantes, jamais à cours de créativité, même pour mes devoirs d’Arts plastiques.
Tous les hivers nous allions dans le même parc construire le même bonhomme de neige, et nous ne nous en lassions jamais.
C’est lui qui m’a relevée de mes premières chutes de ski de fond, sur les pistes immaculées des Hautes Vosges, lui qui m’a poussé sur mon vélo sans roulettes pour que j’apprenne vite, parce qu’avec lui à mes côtés, c’était sûr, je ne pouvais pas me faire de mal.
C’est avec lui que j’ai découvert les outils et combien il pouvait être instructif de démonter et remonter une télévision ou un réfrigérateur, comprendre le fonctionnement des choses pour trouver la cause des problèmes.
Pêcher, cueillir des champignons, ramasser du muguet ou des escargots, toutes les occasions étaient bonnes pour partir à la rencontre de la nature.
Observer là où le regard ne se pose pas forcément, sous une feuille, dans un mécanisme, au fond du sable ou de la terre.
Et puis l’amour des cailloux, des pierres, le secret des galets tous simples qui en leur cœur révèlent des beautés insoupçonnées, comme lui.
Il a choisi mon prénom, si étrange mais qui me va si bien, il m’a appris à savoir rester humble, connaître la valeur des choses, et surtout celles qui n’ont pas de prix.
Discret et secret, il a toujours porté en lui des souffrances passées et s’est construit tout seul sur des bases invisibles, juste une grand mère aimante dans une famille qui n’était pas la sienne.
Incompris, solitaire, il a l’âme de l’ermite qui se retire au fond d’un bois pour méditer dans un mutisme absolu, et pourtant il répond présent dès qu’on a besoin de lui.
Il m’a transmis ce goût de l’isolement et de l’introspection, qui permet par périodes de prendre du recul par rapport à la vie et à ma vie, s’arrêter pour regarder le monde tourner et réfléchir.
J’aime à percer cette carapace, armure contre les aléas de l’existence, et chaque sourire, chaque confidence, chaque regard complice est un trophée qui trône sur l’étagère de ma mémoire.
Je me plais à penser que j’ai pu lui apporter jusqu’à présent des moments de bonheur qui ont pu illuminer son âme.
Je me plais à penser qu’il est heureux et apaisé dans sa retraite active.
Je me plais à penser que je ne suis pas étrangère au fait qu’il ait enfin décidé de se soigner.
Je me plais à penser qu’il est fier de moi et de ce que j’ai fait de ma vie.
Je me plais à penser qu’il m’aime très fort, même s’il ne me l’a jamais dit.
Bonne fête papa.
28 commentaires:
et est-ce qu'il va lire ces belles lignes ton Papounet ? ...en tout cas même vu de l'extérieur de ta sphère familiale, c'est extrêmement touchant, et on a beau être habitué à ton talent, chaque nouvel article rajoute une facette au diamant de ton blog. Et Mister Carrie, je suis sûr que c'est un super papa aussi...
C'est magnifique.
Une question est venue se lover dans mon esprit... je me demande quel peut être ce prénom étrange. Je suis bien curieuse...
tous les papas sont tels, plein de force et de pudeur.
Le mien a 4 filles, mes 3 soeurs donc.
Je le reconnais dans ton portrait.
Très émouvant;
Des bizettes
Ceux qui voient trop l'amour comme une évidence se refusent parfois à l'énoncer... pourtant il n'est pas d'instant familial plus fort que celui-là lorsqu'il a été retardé par pudeur...
Sublimes tes mots tout en tendresse...
Rien d'étonnant à ce que tu sois celle-ci donc !
Et puis même celui qui est si souvent absent, si souvent loin de nos réalités, il reste un papa ...un essentiel, une racine qu'on essaie parfois d'arracher mais qui repousse à la première éclaircie.
Bonjour Carrie. Je viens pour la première fois chez toi et je tombe sur ce très joli post. Chapeau !!!
natpointg
joli cadeau de la fête des pères au tien.
je rêve d'en recevoir un pareil un jour, bien que démonter un frigo ou une télé, vaut mieux pas que je m'y risque ;-)
J'espère que ton papa lira le bel hommage que tu lui fais ici et sûrement, comme moi, il aura les larmes aux yeux.
@lolo : Je doute que l’intéressé lise ces lignes, mais ça n’est pas bien grave, il fallait que je l’écrive, pour moi.
Merci encore de tes gentils mots et tu ne te trompes pas sur Mister Carrie, super papa.
@la féline : Merci, et quant à mon prénom, c’est un grand mystère pour ceux qui ne m’ont encore jamais rencontrée, et je trouve ça plutôt amusant !
@Mélina : Peut-être est-ce d’autant plus difficile dans une famille de filles d’exprimer ses sentiments ? Nous sommes 3 filles, plus maman, pas simple d’avoir un mot à dire dans le flot de nos discussions !
@schizozote : Dans ce cas précis je pense que quand on ne connaît pas l’amour d’une mère ou d’un père, qu’on n’a aucun repère familial, c’est compliqué d’exprimer à ses propres enfants cet amour paternel.
@ma fée : Un papa reste un papa, quoi qu’il puisse faire ou qu’on puisse lui reprocher.
A un moment donné il y a eu tant d’amour qu’il a voulu donner la vie, ça n’est pas rien et ne s’efface jamais. Après, il est plus ou moins responsable…
@natpointg : Bienvenue et merci, n’hésite pas à revenir traîner par ici à l’occasion !
@tirui : Cadeau de fête des pères virtuel qu’il ne lira sans doute pas, mais je suis sûre que tes petits bouchons n’en pensent pas moins de toi.
@tanette : Comme je le disais je doute qu’il lise ce texte, mais moi aussi j’ai du mal à lui signifier mes sentiments, alors ça m’a fait du bien de les écrire, c’est plus facile comme ça.
quel plus hommage peux-tu rendre à ton papa que celui de ta plume ciselée...Je pense que tu devrais quand même le lui dire...Les parents ne disent pas assez à leurs enfants qu'ils les aiment et les enfants oulient trop souvent de faire la mê chose...et pourtant quand on y réfléchit ça fait du bien à une maman de dire à son enfant qu'elle l'aime; et que dire de celui qui reçoit cette preuve d'amour...
Emouvant, des frissons à la lecture. Tu sais apprécier le bonheur simple que tu as, c'est précieux.
Tu le dis avec douceur, une fois de plus.... un papa, c'est à la fois tendre et un roc, qui ne dit pas ce qu'il ressent, peut-être parce qu'il ne sait pas, peut-être parce qu'il sait que tu le sens, cet amour qui t'a façonnée.
Une fois de plus, merci pour tes lignes !
J'aurais aimé dire à mon père : "Je t'aime".
J'aurais aimé qu'il me le dise aussi.
Mais pour nous maintenant il est trop tard, il n'est plus là.
Parfois il vaut mieux casser sa carapace et oser.
Dire "je t'aime" aujourd'hui pour ne pas regretter demain...
Je ne sais pas ce qu'est "recevoir l'amour de ses parents"
MAIS
Je sais admirer l'amour chez les autres...
Et franchement, ton texte fut une calimité pour mon mouchoir ;-)
Bravo comme dab pour l'écriture et merci de nous faire partager tes émotions.
Bises
Oli
C'est beau ce que tu as écrit... et je suis certaine que ton papa est très très fier de toi, de sa petite Carrie ;)
joli post, comme bien souvent d'ailleurs. Tu me touches toujours beaucoup lorsque tu écris sur les gens que tu aimes. Ah les papas! toujours beaucoup de pudeur mais tellement de tendresse pour leurs filles dans leurs yeux...
Je suis bien de ton avis : c'est un homme FORMIDABLE !
N.B. : C'était moi qui était sensée me marier avec lui !!!
Bisou.
@muse : Merci, et c’est aussi pour ça que je n’arrête pas de le dire à mes enfants, parce que je me dis qu’ils ne l’entendront jamais trop. Et quelle joie que de l’entendre en retour !
@4largo : Savoir apprécier les petits bonheurs, n’est-ce pas le vrai bonheur ?
@madame Poppins : Beaucoup de papas «modernes» hésitent heureusement moins à le dire, la révolution sexuelle a eu du bon finalement !
@figueres : Je lui dirai, je lui dirai, je ne sais pas quand, mais je lui dirai bientôt, pour ne pas avoir de regrets
@olico : Désolée pour ton mouchoir, et encore plus que tu n’ais pas connu ça, mais merci à toi d’avoir eu le courage de le lire
@stef : Je n’en sais rien, mais j’aimerais bien…
@libellule : C’est en écrivant sur les gens que j’aime que je m’implique le plus, ça n’est pas toujours facile mais c’est bon de le faire, car sans eux je ne serais pas celle que je suis aujourd’hui. Pudeur et tendresse, c’est exactement ça.
@chris : Tu es bien placée pour le savoir! Et d'abord c'est avec moi et pas avec toi qu'il se serait marié, nanananèreu ;-p
ah les papas !
chaque petite princesse à son Papa comme premier prince charmant.
Dis, tu veux bien me le prêter ton papa...
en échange, je t'ai taggée : http://lejardindupotdefleur.over-blog.com/article-10952407.html
Mon épouse et moi même t'attendons avec plaisir ce soir:
http://rachedelgreco.blogspirit.com/archive/2007/06/20/invitation-à-beit-el-hekma-carthage.html
Bonjour!
Je découvre ce blog, par l'intermédiaire de lolo... et ce post est le premier message que je lis... bien sur, je vais poursuivre mais comme je suis impulsive, je voulais déjà dire à quel point "cette déclaration" est magnifique de profondeur, de simplicité complexe.
Je suis touchée.
@missQ : Oui, et après, souvent inconsciemment on recherche l’homme de sa vie à l’identique ou carrément à l’opposé !
@lepotdefleur : Heu, je ne sais pas si j’aurai le temps de suivre ta chaîne, mais je veux bien te prêter mon papa s’il n’y voit pas d’inconvénient ;-)
@el greco : Carthage ça n’est pas la porte à côté…
@sabine : Merci et bienvenue. J’espère que le reste ne t’a pas déçue.
@hélène : J’ai survolé votre histoire, mais cela m’a suffit à signer votre pétition, en espérant qu’elle vous aidera à vous faire entendre.
ca fait plusieurs fois que j'essaie de laisser un commentaire et ca marche pas. Notre papa c'est un mystérieux héros, un MacGuyver, un superman, un George Clooney familial plein de talents et d'imagination. Il nous a appris à apprécier les jolies choses que nous offre la nature et nous a aussi initié à la création, à l'expression artistique. Il sait faire les meilleurs rapés aux pommes de terre de l'univers intersidéral et trouve des trésors à chaque coin de rue. Voilà encore un super hommage à notre papounet,et comme il dirait" il a cassé la matine le môtieu...":)
Superbe déclaration, je suis admirative de ta plume.
@alex : Il ne manquait plus que toi! Tu as bien résumé tout ce qu'il représente aux yeux de ses filles, c'était normal qu'on lui rende un petit hommage clin d'oeil ici toutes les 3!
@evin : Merci du compliment, mais c'est vrai que les gens que j'aime m'inspirent particulièrement ;-)
Simplement pour te souhaiter un agréable week-end...
Bises
Oli
Très beau votre hommage à votre Papa .J'aime lire de si beaux textes.
Merci de ce partage .
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